Cultiver et Protéger Autrement 

Julie Subervie et Florence Jacquet*

Le Programme Prioritaire de Recherche « Cultiver et Protéger Autrement » (PPR-CPA), lancé en France en 2019, répond à l’objectif du gouvernement d’accélérer le développement d’une agriculture performante et durable tout en réduisant fortement l’usage des produits phytosanitaires. Dans cet objectif, les moyens alloués à la recherche ont été renforcés. Le PPR-CPA, qui s’inscrit dans le 3ème programme d’investissements d’avenir (PIA3) s’est vu ainsi doté de 30 millions d’euros pour développer les connaissances permettant l’émergence de nouvelles pratiques de production et de protection des cultures. Le PPR-CPA a ainsi pour mission d’identifier des voies alternatives à l’emploi des produits phytosanitaires en mobilisant les leviers de l’agroécologie, du biocontrôle, de la génétique, de la prophylaxie, afin de « cultiver et de protéger autrement ».

En 2019, un appel projets a été lancé afin de sélectionner des projets de recherche ambitieux, porteurs d’innovations. A l’issue de la sélection qui s’est déroulée au printemps 2020, 10 projets de recherche ont été retenus. La particularité du PPR-CPA réside dans sa volonté à soutenir des projets de recherche de longue durée sur des fronts de science insuffisamment explorés jusqu’ici. Cette stratégie de recherche collective permettra des avancées significatives en matière de développement de nouvelles pratiques et de nouveaux systèmes agricoles n’utilisant pas de pesticides.

En agriculture comme dans d’autres domaines, un enjeu central de la recherche appliquée est de produire des solutions concrètes, directement utilisables par les pouvoirs publics. Le problème de la transition vers une agriculture sans pesticides se pose lui aussi en ces termes : comment faire pour que les pratiques alternatives aux pesticides qui impliquent le plus souvent des changements profonds des systèmes agricoles, soient adoptées par le plus grand nombre et deviennent le modèle dominant ? Les sciences sociales sont susceptibles de jouer un rôle clé dans l’émergence, l’adoption et la diffusion de ces systèmes, en jouant le rôle de courroie de transmission, entre les pouvoirs publics, capables d’agir pour soutenir l’effort de transition, et les solutions techniques, développées depuis plusieurs années et aujourd’hui dans le cadre du PPR-CPA

Parmi les dix projets lauréats du financement PPR-CPA, le projet FAST (Faciliter l’action publique pour sortir des pesticides) vise à fournir un cadre théorique et des preuves empiriques solides de l’efficacité de diverses actions publiques visant à déclencher une transition à grande échelle vers une agriculture sans pesticides. L’objectif général du projet FAST est de proposer des solutions concrètes, susceptibles d’être mises en œuvre à diverses échelles (locale, nationale, européenne) en prenant appui sur les différents acteurs de la transition (les producteurs, les consommateurs, l’agrochimie, l’agroalimentaire, les pouvoirs publics). L’efficacité de ces solutions sera évaluée par les méthodes les plus avancées de sciences économiques et sociales, notamment les expériences de laboratoire et de terrain, les approches recherche-action et les modèles de simulation à grande échelle. Le consortium FAST compte plus de 70 chercheurs issus des unités de recherche INRAE, spécialisés en économie agricole, droit de l’environnement et sciences de gestion.

Les 20 et 21 octobre prochain, se tiendra à Paris un colloque international dédié aux rôle des sciences sociales dans l’élaboration des politiques de réduction des pesticides. Ce colloque propose de donner une vue d’ensemble de différentes voies par lesquelles les sciences sociales peuvent contribuer à déclencher une transition à grande échelle vers une agriculture sans pesticides. Les différents intervenants présenteront des travaux de recherche basés sur la co-construction avec les pouvoirs publics de dispositifs expérimentaux ciblant des types d’agents particuliers et susceptibles d’être mis en œuvre par la suite à plus grande échelle. On s’intéressera également aux travaux de recherche reposant sur des modèles de simulation, aux fondements théoriques éprouvés, permettant de simuler les effets d’instruments à plus large spectre.  On discutera aussi des travaux de recherche reposant sur des approches participatives permettant la co-construction par les parties prenantes d’une représentation collective des systèmes socio-écologiques au sein d’un territoire ou d’une filière et ainsi l’émergence de solutions bottom-up directement applicables dans le monde réel.

*Julie Subervie (INRAE Montpellier) et Florence Jacquet (INRAE Paris)

Lien vers le site du PPR-CPA : https://www6.inrae.fr/cultiver-proteger-autrement_eng/

Lien vers le site du projet FAST : https://sites.google.com/view/ppr-fast-project/

Lien vers la page du colloque international « Social sciences for pesticide policies » : https://www6.inrae.fr/cultiver-proteger-autrement_eng/Events/Upcoming-events/2021-International-Conference-Social-sciences-for-pesticide-policies

Kommentar verfassen

Trage deine Daten unten ein oder klicke ein Icon um dich einzuloggen:

WordPress.com-Logo

Du kommentierst mit Deinem WordPress.com-Konto. Abmelden /  Ändern )

Twitter-Bild

Du kommentierst mit Deinem Twitter-Konto. Abmelden /  Ändern )

Facebook-Foto

Du kommentierst mit Deinem Facebook-Konto. Abmelden /  Ändern )

Verbinde mit %s

About Robert Finger

I am Agricultural Economist and head of the Agricultural Economics and Policy Group at ETH Zurich. Group Website: www.aecp.ethz.ch. Private Website: https://sites.google.com/view/fingerrobert/home